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J’ai décidé d’écrire un article sur la crise humanitaire des Vénézuéliens car j’ai rencontré des migrants qui ont fui leur pays à cause de l’hyperinflation.

Les causes de la crise au Venezuela

Je vais vous expliquer très brièvement les causes de la crise au Venezuela. Je ne vais pas parler de la situation politique avec les deux présidents, Juan Gaido et Nicolas Maduro. Si vous voulez en connaître davantage, je vous invite à lire des articles plus détaillés.

Le Venezuela était un des pays les plus riches d’Amérique latine. Il détient les premières réserves pétrolières au monde. Mais la chute des revenus pétroliers a en partie plongé le pays dans une hyperinflation créant des pénuries de nourriture, de médicaments. La monnaie, le bolivar ne vaut plus rien. Cette crise pousse les Vénézuéliens à quitter leur pays pour aller travailler dans d’autres pays.

La fuite des Vénézuéliens à l’étranger

En Colombie

En 2018, je suis retournée en Colombie et j’ai été choquée de voir beaucoup de Vénézuéliens vivant dans la rue, vendant des bonbons…

J’étais dans un bus longue distance en direction de Medellin. Une femme et une jeune fille sont montées, il n’y avait plus de siège disponible et elles se sont allongées en dessous des sièges au fond du bus et la porte des toilettes était cassée et cognait la tête de la jeune fille pendant le trajet…

En 2019, il y a encore beaucoup plus de migrants du Venezuela, vivant dans la rue, travaillant illégalement.

A Cali, à côté de la gare routière, j’ai eu les larmes aux yeux en voyant une mère et son fils de trois ou quatre ans dormir sur un matelas sous un pont rempli de déchets. Il faisait chaud.

Un autre jour, je me souviens que j’avais acheté des bonbons à une jeune Vénézuélienne et au même moment, sa mère en avait aussi vendu. Puis, sa petite fille portant une casquette à hélice du Venezuela, de trois ou quatre ans, a fait une danse de la joie. Elle était contente pour sa mère.

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A la frontière entre la Colombie et l’Équateur

Certains Vénézuéliens m’ont raconté leurs histoires.

Sorimar a quitté le Venezuela car son mari avait des problèmes d’argent et la maltraitait. Elle a décidé de le quitter et de partir pour trouver une meilleure vie et pour trouver un mari Paisa (de la région de Medellin) car elles les trouvent beaux. Avec un salaire minimum, on peut uniquement acheter un savon Ariel ou deux boîtes d’œufs…

Albarro est parti de chez lui pour travailler et envoyer de l’argent à sa femme et ses fils. Il était ingénieur électrique et il gagnait trois salaires minimums mais ça ne suffisait pas pour vivre. De Cúcuta (la frontière entre la Colombie et le Venezuela) jusqu’à Cali, il a vendu des cigarettes avant de trouver un travail. Il a dit que son pays est communiste et qu’il y a des armes russes. Il avait peur de cette guerre.

En Équateur et au Pérou

Beaucoup de migrants Vénézuéliens vont travailler en Équateur et au Pérou.

Dans la voiture qui nous emmenait d’Ipiales à l’immigration colombienne, il y avait un pêcheur du Venezuela. Sa femme et ses deux enfants sont restés dans le pays. Il a économisé pendant trois mois, 160 dollars, pour aller travailler dans la capitale du Pérou, à Lima. On lui a volé deux fois son bateau dans le sud du Venezuela en le poussant dans la mer en le menaçant avec un revolver. Une fois, il a attendu deux heures dans la mer, la nuit, jusqu’à ce quelqu’un vienne l’aider. Il nous a dit qu’à vingt heures, il n’ y avait plus de lumière au Venezuela. Je me souviens des yeux tristes de cet homme.

A la frontière entre la Colombie et l’Équateur, il y a la Croix Rouge qui aide les Vénézuéliens en leur donnant du lait et du pain de mie.

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La Croix Rouge en Colombie

Quand je suis arrivée à la frontière pour aller en Équateur, il faisait nuit et j’étais avec mon compagnon Colombien . On a fait la queue avec des Vénézuéliens pour aller à l’immigration colombienne.

Un homme âgé était accompagné de ses deux beaux fils. C’est un paysan qui n’a pas d’argent et il ne pensait pas un jour voyager aussi loin de son pays. Il allait rejoindre ses deux filles à Guayaquil et son petit fils, bébé. Elles sont parties travailler là bas, il y a quelques mois. Ça faisait onze jours, qu’ils faisaient du stop et marchaient avec un matelas.

Ils voyageaient avec une mère accompagnée de ses deux enfants. Ils n’avaient rien mangé de la journée. Ce qui m’a marqué, c’est le sourire de cet homme âgé et sa bienveillance. On leur avait acheter des arepas (des galettes de maïs) et il en avait mis de côté pour la mère et ses fils. Un des beau fils était en pleurs. Il ne pouvait pas aller à l’immigration colombienne car on lui avait volé sa pièce d’identité.

Quand on est allé à l’immigration d’Équateur, il y avait beaucoup de Vénézuéliens qui dormaient par terre. Il faisait froid.

Tous les Vénézuéliens que j’ai rencontré souhaitent rentrer dans leur pays, en espérant que la situation s’améliore et que le pays s’allie avec les Etats Unis. Ils veulent une démocratie, ils veulent voter librement.